Le Scandale de l’Or Balte, raconté par Jacques de Larosière 🇫🇷 🇬🇧 🇺🇸

or balte de larosiere

Découvrez la rocambolesque histoire de la conservation de l’Or Balte, par la France, le Royaume-Unis et les USA. 🇫🇷 🇬🇧 🇺🇸 Racontée par Jacques de Larosière, ancien directeur général du FMI et ancien Gouverneur de la Banque de France.

En Bonus : Le litige entre la Belgique, la France et les nazis, concernant l’Or Belge. 🇧🇪 🇫🇷

1. La conservation de L’Or Balte par la France, l’Angleterre et les USA

En 1934, face à la montée du nazisme et du communisme, la Lituanie et la Lettonie ont souhaité mettre leurs réserves d’or à l’abri des potentiels envahisseurs. Ces pays avaient été dotés de réserves en or, au moment de leur indépendance en 1918. Ces dernières leur étaient indispensables, dans la mesure où le système monétaire reposait sur l’Étalon Or jusqu’à la première guerre mondiale.

Au milieu des années 30, leurs stocks de lingots d’or furent alors divisés en trois pour être placés sous la garde de la Banque de France, de la Banque d’Angleterre et de la Réserve Fédérale des États-Unis (FED).

De 1940 à 1945 au moment de l’occupation allemande, les réserves d’or stockées par la Banque de France furent envoyées au Sénégal, dans le village de Thiès. Parmi elles figuraient alors l’or balte et l’or belge, dont nous parlerons plus tard. La France refusera catégoriquement chaque demande, de “restitution” de l’or balte à l’Allemagne puis à l’Union Soviétique. La défense de la France était alors que seuls les déposants d’origines étaient habilités à récupérer leurs avoirs.

L’or Balte fut ensuite “oublié” mais conservé dans les réserves d’Or de la Banque de France durant plusieurs décennies. Pour l’anecdote, J. de L. se souvient avoir remarqué une armoire étiquetée “Or Balte” libellée à la plume Sergent Major, durant sa première visite à la Banque de France dans les années 1980.

2. La Restitution des lingots : Trois visions très différentes

Après la chute du mur de Berlin en 1989 : l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie furent libérées entre 1990 et 1991. La Banque de France les informa alors que des réserves d’or avaient étés conservées…

Le 12 septembre 1991, soit moins d’une semaine après l’indépendance, la Banque de France, organisa une cérémonie à Paris, pour remettre ses précieux lingots à la Lituanie. La Lettonie récupéra également l’intégralité de ses réserves stockées en France. Cet or était pour ces pays le symbole ultime de leur souveraineté et de la continuité de l’État durant les différentes occupations.

La Banque d’Angleterre, par contre, refusa de restituer l’Or, en prétextant l’avoir déjà rendu à l’Union Soviétique, quelques années plus tôt !

La Banque centrale américaine refusa à son tour de restituer leurs dépôts d’or, en invoquant la capitalisation des droits de garde. Lesquels, non payés durant 60 ans, auraient, selon eux, dépassé le montant de l’Or gardé !

3. Le Bras de fer entre les pays Baltes, l’Angleterre et les USA :

Consternés, les dirigeants Baltes se tournèrent vers le Gouverneur de la Banque de France, Jacques de Larosière, pour obtenir un soutien dans leurs démarches.

Celui-ci déconseilla formellement à la Lettonie et la Lituanie d’accepter la perte de leur Or, en échange des “conseils stratégiques au développement” proposés par les USA et le Royaume-Uni : “Le conseil stratégique, n’importe qui vous en donnera gratuitement ! Il s’agit d’un moyen d’influencer la politique de votre pays à l’avantage du pays qui vous conseille…”

J. de L. leur suggéra de prendre rendez-vous avec la Banque d’Angleterre à Londres, puis de refuser de quitter le bureau du Gouverneur, avant d’avoir récupéré l’Or. Peu importe que le Royaume-Uni ne soit plus en possession des lingots en litige, compte tenu de leurs réserves personnelles. Le déposant est en droit d’exiger la restitution des réserves confiées.

Concernant les États-Unis, le Gouverneur de la Banque de France appela le Gouverneur de la FED de New York, pour lui demander l’annulation des droits de garde, en raison de la situation politique exceptionnelle et dramatique vécue par ces pays.

Suite à ce bras de fer, les pays Baltes ont pu récupérer leurs réserves d’or, au gramme près. Et 25 ans plus tard, Jacques de Larosière fut décoré par la Lettonie, pour le service rendu au pays.

4. Le lien avec Bitcoin : l’Or numérique

Cette histoire est intéressante pour comprendre les enjeux de conservation des actifs. Dans le cas du Bitcoin, il s’agit d’un actif numérique qui offre la possibilité de conserver ses fonds soi-même, via la détention de “codes secrets” d’accès.

Dans notre histoire de l’or Balte, il s’agit de conservation d’actifs physiques, par des États Alliés. Compte tenu des rebondissements de cette histoire, nous comprenons aisément qu’il est risqué de confier ses bitcoins aux plateformes d’échange ! Ces tiers privés font par ailleurs encourir des risques supplémentaires à notre exemple : faillites, disparitions, hacks, gestions fantaisistes, dirigeants malhonnêtes…

  • Question ouverte : Bitcoin aurait-il permis aux États Baltes de conserver eux-mêmes leurs actifs durant les invasions successives ? Difficile de réécrire l’histoire à postériori, mais il est certain que cet “Or numérique” rebat les cartes pour l’avenir…

Approfondissement : Découvrez comment sécuriser vos bitcoins vous-même.

BONUS : L’Or Belge détenu par la Banque de France

Jacques de Larosière met l’histoire de l’Or Balte en perspective avec l’histoire de l’Or Belge, également stocké dans les réserves de la Banque de France. Cette seconde histoire vient tempérer les conclusions flatteuses pour la France, tirées de l’épisode Balte. D’autant plus que les réserves Belges étaient beaucoup plus importantes que les réserves lettonnes et lituaniennes.

Durant l’occupation allemande la France a restitué à l’occupant, les réserves de la Belgique. Cette cession a été faite en défaveur du Gouvernement libre de la Belgique, constitué à Londres.

Cet or fut cependant intégralement restitué à la Belgique après la guerre, en puisant sur les réserves de la Banque de France…

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